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Saturday, March 23, 2019

Préparer un avenir meilleur

Les personnes qui ont un faible niveau d’éducation et d’alphabétisation ont du mal à se faire entendre. C’est particulièrement vrai pour les communautés autochtones. Leurs connaissances ancestrales et leurs droits sont souvent ignorés par les gouvernements, les sociétés d’exploitation de minerais et d’autres qui souhaitent exploiter leurs terres. Toutefois, cette situation n’est pas inéluctable. En collaborant avec des partenaires locaux, le CTA a contribué à faire d’eux des pionniers dans un processus – baptisé Modélisation participative en 3D – qui aide les communautés locales à documenter les régions dans lesquelles elles vivent, mais également à influencer la façon dont les décisions sont prises concernant l’utilisation et l’occupation des sols.

 «Traditionnellement, les cartes étaient réalisées par les gouvernements, qui contrôlaient également les données», explique Giacomo Rambaldi du CTA. «Mais un énorme changement a eu lieu récemment, à mesure que les groupes de la société civile ont acquis la capacité de réaliser leurs propres cartes et vidéos.» Ils ont bénéficié de l’accès à Google Earth et YouTube ainsi qu’à la modélisation participative en 3D, qui leur ont permis de créer des cartes exactes et géo-référencées.

Le premier exercice de modélisation soutenu par le CTA dans le Pacifique a eu lieu aux Fidji, en 2005. Cet événement de 11 jours à Lavuka s’est concentré sur l’île d’Ovalau, où les communautés locales souffraient d’une surexploitation de leurs zones de pêche, en particulier par des flottes étrangères. Au cours des trois premiers jours, trente étudiants de l’enseignement supérieur et six enseignants ont créé un modèle en 3D de l’île avec l’aide de quinze animateurs et stagiaires. Quatre-vingt-dix hommes et femmes de 26 villages ont ensuite «peuplé » le modèle de montagnes, de routes, de rivières, de zones de pêches, de terres agricoles, de sites culturels et d’autres caractéristiques. Lorsqu’ils ont eu terminé, le modèle comptait 79 caractéristiques et 83 lieux revêtant une importance culturelle.

Le modèle a ensuite servi de base pour un plan de gestion à l’échelle de l’île et trois plans de gestion de districts. Le processus a identifié seize zones «taboues » dans lesquelles une protection complète de la faune marine est à présent assurée. Les autochtones ont également commencé à dégager des parcours cérémonieux qui avaient été envahis par la végétation. En trois années de recherche, le Musée des Fidji n’avait réussi à identifier que vingt lieux revêtant une importance culturelle – soit un quart du nombre de lieux identifiés par les villageois pendant le processus de modélisation.

À bien des égards, le processus est aussi important que le résultat obtenu. «Il aide les gens à visualiser et à localiser leurs connaissances spatiales, ce qui est très motivant », explique Giacomo Rambaldi. « Et, bien sûr, il leur permet de défendre leur cause de façon plus persuasive. » Dans le passé, les communautés autochtones pouvaient produire des croquis cartographiques en faisant valoir des revendications pour leurs terres, mais les décideurs n’en tenaient guère compte. Les modèles en 3D fournissant des détails complexes sur les caractéristiques du paysage sont beaucoup plus difficiles à ignorer.

À travers le Pacifique

Kenn Mondiai, qui dirige l’ONG «Partners with Melanesians », basée en Papouasie-Nouvelle-Guinée, fait partie des qui bénéficiaires d’une formation aux Fidji. Depuis lors, il a joué un rôle important dans la promotion de la modélisation participative en 3D à travers le Pacifique. Avec le soutien de la Banque mondiale, il a aidé les communautés locales du Plateau de Managalas en Papouasie-Nouvelle-Guinée, qui abrite 150 clans, à créer un modèle en 3D de leurs terres ancestrales. Ce modèle a servi comme élément de preuve pour promouvoir la Zone patrimoniale de Managalas (Managalas Conservation Area), dont la reconnaissance officielle est prévue au moment de la mise sous presse.


Mapping Land, Sea and Culture: an Award-winning Participatory 3D Modelling Process in Fiji from CTA on Vimeo.

En 2011, l’organisation de protection de l’environnement The Nature Conservancy a engagé Kenn Mondiai afin de diriger des formations dans les îles Salomon. Les exercices de modélisation dans le village côtier de Boe Boe se sont concentrés sur le changement climatique et ses répercussions possibles. Le modèle présentait l’étendue du dernier tsunami en 2007 et le niveau des récentes marées hautes qui avaient inondé certaines parties du village. La communauté a ensuite utilisé le modèle pour discuter de l’impact potentiel de la hausse du niveau des mers et d’autres événements liés au climat.

« Le modèle a montré à la jeune génération que nous devions réfléchir au changement climatique », a fait remarquer Winifred Piatamama après l’exercice. «Il est important de prendre conscience que, dans quelques années, le niveau de la mer ne sera pas le même qu’aujourd’hui. » Après avoir débattu, les villageois ont décidé qu’au lieu de construire le long de la côte, comme ils l’avaient fait jusqu’à présent, ils se tourneraient vers les terres plus élevées, à l’écart de la mer. En résumé, le modèle les a aidés à concevoir des plans qui les aideront à s’adapter au changement climatique.

Selon Winifred Piatamama, le processus de modélisation a été particulièrement important pour les femmes de la communauté. « Au début, c’était un peu difficile pour les femmes, parce qu’elles n’expriment pas leurs préoccupations, elles sont généralement silencieuses », a-t-elle déclaré. Toutefois, le processus de modélisation les a encouragées à faire part de leurs points de vue plus ouvertement. « Lorsque tous contribuent au modèle, ils partagent fierté et propriété », explique Gabriel Kulwaum, de l’organisation TNC (The Nature Conservancy) dans un petit film sur l’exercice de Boe Boe. « Ce n’est pas TNC ou le gouvernement qui en a la propriété. » C’est la communauté.

Formation aux Caraïbes

Le CTA était très désireux d’encourager une modélisation participative en 3D dans les Caraïbes, mais était obligé d’importer l’expertise d’ailleurs. En octobre 2012, le premier exercice de modélisation a eu lieu à Tobago, sous l’égide de l’Institut des ressources naturelles des Caraïbes (Caribbean Natural Resources Institute, Canari) et animé par Kenn Mondiai. Cela a donné lieu à des ateliers de suivi de modélisation sur l’île de l’Union et à la Grenade.

Sous La Surface ~ Cartographie de l'île d'Union ~ un exercice MP3D en 2013 from CTA on Vimeo.

Local voices in climate change adaptation - Union Island, Caribbean - Trailer from CTA on Vimeo.

Pour Gillian Stanislaus, du ministère des Ressources naturelles et de l’environnement de Trinidad-et-Tobago, le modèle en 3D de Tobago aidera les autorités à gérer plus efficacement les futurs développements. « Grâce au processus de modélisation, nous avons une connaissance bien plus approfondie de la façon dont les terres sont utilisées et de leur importance pour les habitants », affirme-t-elle.

Terrence Phillips a participé à l’un des ateliers de modélisation – qui portait sur l’adaptation au changement climatique – en tant que représentant du Mécanisme régional des pêches des Caraïbes. Il a été impressionné. « Je pense qu’il s’agit d’un outil très utile », confie-t-il. « Les communautés étaient en mesure de décrire ce qui était arrivé à leurs ressources maritimes dans le passé et l’état des ressources à l’heure actuelle. » La modélisation les a encouragées à prendre en considération l’impact éventuel de la hausse du niveau des mers et du changement climatique et à concevoir des stratégies d’adaptation. L’exercice de modélisation a contribué à l’instauration d’un dialogue constructif entre le gouvernement et la communauté locale, garantissant leur collaboration efficace à l’avenir.

La première en Afrique

L’organisation du premier exercice participatif de cartographie en 3D en Afrique a pris 10 mois. Cet exercice, qui s’est tenu dans le village de Nessuit, dans le comté de Nakuru au Kenya, était géré par Systèmes de cartographie et d’information en recherche environnementale en Afrique (Environmental Research Mapping and Information Systems in Africa, ERMIS-Africa), avec le soutien financier et technique du CTA. Pendant 11 jours, en août 2006, quelque 120 hommes et femmes appartenant à 21 clans Ogiek ont construit un modèle en 3D du complexe oriental de la forêt de Mau.


The Voice of the Ogiek from CTA on Vimeo.

La forêt de Mau a souffert pendant des décennies de l’exploitation commerciale et de l’envahissement par des cultures. Ces activités ont détruit une grande partie du paysage ainsi que bon nombre de sites culturels ogiek et, pendant quelques années, les Ogiek ont tenté de faire valoir en justice leurs droits sur ces terres. « Les procédures juridiques traînaient en longueur, sans aucune solution véritable », déplore Julius Muchemi, directeur d’ERMIS-Africa. « Ce dont les Ogiek avaient besoin, c’était de preuves concrètes venant soutenir leurs revendications ; et l’exercice de modélisation les a aidés à fournir ces preuves. »

Les preuves ont été suffisamment persuasives pour convaincre le gouvernement du droit des Ogiek sur les terres et de la nécessité de protéger la région de nouvelles dégradations. Lorsqu’un processus de préservation a été lancé en 2007, tous ceux qui occupaient la forêt en dehors des Ogiek ont été expulsés. Depuis lors, ERMIS-Africa et ses partenaires ont produit l’Atlas des territoires ancestraux des peuples Ogiek (Ogiek Peoples Ancestral Territories Atlas). Cet atlas présente la description la plus détaillée à ce jour de la culture Ogiek et de leurs liens avec la terre.

Parmi les organisations qui ont soutenu l’exercice de cartographie, citons le Comité de coordination des peuples autochtones d’Afrique (Indigenous Peoples of Africa Coordinating Committee, Ipac). Selon son directeur, Nigel Crawhall, il s’agit d’un événement majeur dans la vie de l’IPacC. L’exercice de cartographie et le soutien apporté par le CTA à l’organisation ont mené à une série de développements importants pour le peuple autochtone, et notamment à l’engagement de l’IPacC à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et le lancement d’un programme de formation multinational sur l’atténuation et l’adaptation au changement climatique.

Dans une synthèse écrite concernant l’impact du CTA, le Dr Crawhall a expliqué : « D’un point de vue professionnel, les relations avec le CTA ont apporté d’importants changements, de nouveaux outils et opportunités [...] L’exposition et le partenariat avec le CTA ont transformé le travail, les pratiques et les connaissances du seul réseau régional des peuples autochtones d’Afrique, exercé une incidence sur la vie des personnes dans plus d’une douzaine de pays et créé de nouvelles opportunités de carrière et de sensibilisation pour les leaders autochtones et m’ont ouvert de nouveaux horizons sur le plan professionnel. »

Depuis l’exercice de cartographie de la forêt de Mau, le CTA a soutenu des initiatives similaires en Éthiopie, au Gabon, au Tchad et en Ouganda. Soutenus par un manuel électronique publié en anglais, en français, en espagnol, en portugais et en amharique, ainsi que par une communauté en ligne dynamique, des exercices de modélisation ont également eu lieu dans d’autres parties du Kenya, au Ghana, au Maroc et en République démocratique du Congo et de nombreux autres pays, comme indiqué sur la carte ci-dessous.

Sunday, June 05, 2016

Des drones pour compter les cocotiers

Dans les îles de Samoa, au cœur du Pacifique, la technologie des drones est utilisée dans le cadre d'une étude sur les cocotiers visant à prévoir plus précisément le rendement et la production d'huile de coco vierge. 

En 2015, l'organisation non gouvernementale agricole samoane WIBDI, Women in Business Development Incorporated (les femmes pour le développement intégré des entreprises), a réalisé qu'elle avait besoin d'un nouveau moyen pour collecter des données exhaustives auprès des associations d’exploitations agricoles, et de les organiser. WIBDI aide les familles rurales locales à s'engager activement sur le marché de niche des produits biologiques grâce au commerce équitable. Cette organisation cherchait un moyen de faciliter les contrôles du respect des normes en matière d'agriculture biologique et l'estimation de certaines cultures, notamment celle des cocotiers.

La noix de coco est à la fois la ressource renouvelable et le produit d'exportation le plus important des Samoa. Le pays exporte de l'huile de coprah, de l'huile de coco vierge, de la crème de coco, de la noix de coco séchée, de la fibre de coco et des produits à base de coquillages, à destination de l'Australie et de la Nouvelle Zélande pour la majorité des produits. WIBDI est le principal exportateur d'huile de coco vierge des Samoa et son premier client est l'entreprise The Body Shop.

À la recherche de solutions au problème de collecte de données, WIBDI s'est tourné vers l'entreprise samoane de services techniques Skyeye. Selon ses experts, les véhicules aériens sans pilote (UAV), communément appelés drones, étaient la solution idéale. Leur utilisation est moins coûteuse que celle d'un appareil avec pilote, et ils peuvent prendre des images d'une résolution supérieure à celle des images satellites.

Un serveur ouvert et gratuit

Dans le cadre de ses travaux de cartographie, Skyeye utilise un drone à voilure fixe pour la cartographie professionnelle pouvant couvrir des zones étendues au cours d'un même vol autonome. « Le drone nous permet de photographier des exploitations agricoles difficilement accessibles et d'effectuer des vols quand nous le souhaitons, si les conditions météorologiques sont favorables. La possibilité de capturer des images instantanées a représenté un avantage considérable pour ce projet de numérisation », explique Ephraim Reynolds, le technicien de Skyeye spécialisé en systèmes d'information géographique (SIG).

Une fois les images du drone récupérées, elles sont traitées pour produire des ortho-mosaïques (images assemblées dont la déformation est corrigée numériquement) afin de pouvoir les superposer sur une carte. Ces images sont ensuite ouvertes dans un logiciel SIG libre (QGIS). À l'aide de ce logiciel, les techniciens peuvent numériser des caractéristiques essentielles des exploitations agricoles. La haute résolution des images obtenues à partir des drones permet de procéder à un comptage visuel du nombre total d'arbres.

Skyeye utilise une application SIG nommée Web Feature Service (WFS) qui lui permet de donner accès aux utilisateurs à son géo-serveur, un serveur ouvert et gratuit conçu pour le partage de données géospatiales. Grâce à elles, les exploitants agricoles peuvent télécharger différents types d’informations, et modifier comme mettre à jour eux-mêmes la carte numérique de leur exploitation. « Skyeye peut ainsi répartir le travail et analyser les images des drones plus rapidement et de manière plus centralisée au sein d'un même système », explique M. Reynolds.

Repérer des zones d'atterrissage pour les drones

En estimant l'âge des cocotiers sur chacune des parcelles de l'exploitant agricole, WIBDI peut prévoir le rendement et la production d'huile de coco vierge. Ces estimations peuvent à leur tour être exploitées pour évaluer la viabilité de futures entreprises commerciales et obtenir des estimations plus précises quant aux bénéfices annuels escomptés.

L'utilisation de drones a représenté un avantage considérable pour WIBDI, mais elle n'a toutefois pas été sans poser quelques problèmes. M. Reynolds explique que le défi le plus important de Skyeye a été de sélectionner des zones d'atterrissage appropriées, particulièrement difficiles à trouver sur une île tropicale. « Les images satellites de Google dans les Samoa ne sont pas à jour. Parfois, la meilleure solution a été de demander aux habitants du village où nous pouvions trouver une clairière appropriée », raconte Ephraim Reynolds.

Maintenir une liaison radio stable avec le drone a constitué une contrainte supplémentaire. « Pour faire face à cette difficulté, nous avons restreint l'étendue de la trajectoire de vol du drone, ou alors nous l'avons lancé depuis des terrains surélevés », explique M. Reynolds.

Fin janvier 2016, Skyeye avait cartographié 10 480 hectares à l'aide de drones et avait comptabilisé 138 180 cocotiers. L'étude devrait être terminée d'ici le mois d'avril 2016. À l'avenir, Skyeye Samoa espère développer ce procédé de comptage des cocotiers mis au point pour WIBDI. Comme le fait remarquer Ephraim Reynolds, « Au fur et à mesure que les Samoa et la région du Pacifique prendront conscience que la technologie des drones peut être utilisée dans divers secteurs d'activité, notamment l'agriculture, la région renforcera sa capacité à atteindre des marchés importants et à rester en phase avec l'évolution des techniques modernes. »

À propos des auteurs :

Ephraim Reynolds (ephraim@skyeye.ws) est technicien spécialisé en SIG à Skyeye. Faumuina Felolini Tafuna’i (flyinggeesepro@gmail.com) est responsable des médias pour la Women in Business Development Inc.

Source:

Vous pouvez commander une version imprimée ou télécharger une version PDF de ce numéro en suivant ce lien : http://bit.ly/uav4ag-FR

Une sélection d'articles sont proposés sur le portail web du magazine : http://ictupdate.cta.int/fr, où vous pouvez vous abonner à la publication gratuitement.

Sunday, December 08, 2013

L'an 2025 de la révolution @gricole



On rapporte qu'Albert Einstein aurait dit : « Je ne pense jamais au futur – il vient bien assez tôt. » Comme il avait raison !

Il ne fait aucun doute que le pouvoir transformatif des TIC nous fait vivre un développement exponentiel !

Tentez l'aventure et embarquez-vous pour l'an 2025 de la révolution @gricole.